Bonjour à tous,
Je suis Céline, j'ai 35 ans, je suis comédienne, metteur en scène et parfois aussi, autrice.
Je m'interroge, et souhaite faire part de mes réflexions sur cette place de la femme dans le théâtre jeune public.
Et je définirai d'abord, avant la place de la femme, ce que j'entends dans théâtre jeune public.
Cette réflexion vient de loin pour moi, elle met en lumière aujourd'hui, la place que je veux trouver en réalité, elle me pose la question du pourquoi j'ai choisi ce métier finalement: Pour transmettre.
Quand j'écris, quand je joue, quand je met en scène, je me demande toujours ce qu'il va rester, qu'est ce que j'ai dit sur ce plateau qui va résonner chez l'autre? Jeune ou moins jeune. J'ai tendance à penser que le théâtre "jeune public" n'existe pas. Le théâtre, pour moi, doit posséder cette qualité essentielle d'être entendu par tous avec des degrés de lecture différents suivant les années accumulées. Le parent, le grand -parent, l'éducateur, l'instit, doit lui aussi trouver sa place dans ce théâtre dit "jeune public". A partir de là, l'échange est possible, la rencontre est palpable
Qu'est ce que tu as vu, entendu ?
Qu'est ce que j'ai vu, qu'ai - je entendu ?
La discussion enclenchée peut alors muter en réflexions plus grandes sur nos capacités de communication entre humains. Quels que soient nos âges.
et quels que soient nos sexes.
En tant que parent, je me pose souvent la question de ce que la cantine met dans l'assiette de mes filles, en tant que comédienne ou metteur en scène, c'est mon devoir de me demander ce que je mets sur le plateau pour les autres.
La femme, le théâtre.. et bien depuis quelques années, je me rends compte que je n'y faisais presque pas attention, avant d'avoir vu un spectacle "Veillée douce" joué par deux hommes typés bûcherons, un spectacle à partir de 9 mois. Une merveille pour les petites oreilles et petits yeux présents. Et pour moi. Et la discussion qui a suivi, par des accompagnatrices (il n'y avait pas d'homme accompagnant les maternelles et crèches) "c'est étonnant ces deux gaillards qui disent des poèmes et font de la musique"
Et pourquoi cela ? Pourquoi étonnant ? Sans doute parce que c'est à la "maman" de raconter les histoires. Cette "image" là est tellement présente, ancrée, qu'il est difficile de s'en dépatouiller. Comme le dit Willerval dans sa contribution, cela vient de notre propre enfance, de la société qui nous a laissé cette empreinte. Et comme tout se joue ou presque dans cette enfance là, on ne peut pas ne pas y faire attention.
Et forcément, les personnages de théâtre féminins traduisent aussi cet état de fait. L'imaginaire collectif ressasse Les princesses, les sorcières, les petites filles fragiles perdues dans la forêt, mais heureusement les autrices et auteurs contemporains, les femmes et les hommes de théâtre donnent la parole à la vraie vie, aux questionnements que nous avons eu, et avons encore.
Je travaille beaucoup en milieu rural. Au travers d'ateliers de pratiques amateurs, et de projets participatifs inter générationnels sur le territoire où ma compagnie a choisi de s'établir. (en l'occurrence le 64-Béarn)
Mes collègues et moi, nous employons à faire vivre des textes contemporains en particulier en atelier hebdomadaire, où la parole donnée aux enfants, aux adolescents, doit être une ouverture, une source de réflexions sur le monde dans lequel ils vivent.
Et nous entendons régulièrement, les parents, les élus, etc ...
- C'est un peu dur comme texte pour des enfants non ? ça parle de la guerre / ça parle du mensonge / ça parle de la mort / ça parle d'amour. C'est pas de leur âge.
Ah ? Bon.
Ou encore :
- Et dis Céline, tu n'as pas un petit spectacle pour l'arbre de Noël des employés de mairie? Un truc rigolo pour les gosses tu vois ?
- Non, je n'ai pas ça.
Et quand j'écris une adaptation de Pinocchio, où le personnage de la fille aux cheveux bleu dit qu'elle a le droit de faire ce qu'elle veut de son corps et de ses cheveux, ça grince des dents dans l'assistance. Et pour ma part, c'est tant mieux.
A travers la place de la femme dans le théâtre jeune public, pour moi ce sont beaucoup d'horizons, de questionnements, qui s'ouvrent la place du théâtre, la place du jeune, la place du public, la place de la femme, La place de chacun et de chacune.
Voilà mes réflexions du matin, ma contribution du moment. Je viendrai volontiers si vous m'acceptez en juin prochain.
A bientôt
Céline