Chers tous, je vous adresse mon premier post qui vaut ma participation au collectif comme membre, si vous le voulez bien. Merci à tous pour cette première rencontre autour de la place de la femme dans le théâtre jeunesse et plus particulièrement à Dominique Paquet pour cet historique de la présence féminine parmi les personnages de ce théâtre jeunesse en France (et en Belgique). Bien sûr, en tant qu'auteur, cela m'a invité à revisiter ma propre production avec ce regard. Et c'est déjà un objectif d'atteint, non ? De suite, cela m'a ramené à 2 remarques qu'une enseignante m'avait faite au cours d'un débat qui avait suivi une représentation de mes « Mots-cailloux » (L'Harmattan Jeunesse-2016). À un moment, l'un des personnages, une maîtresse d'école, prononce cette phrase : « Et je n'avais plus assez de temps, enfin je veux dire que les mamans attendaient déjà au portail. » 1ère remarque : Pourquoi une maîtresse d'école plutôt qu'un maître ? Ma réponse fut aisée : c'est juste la réalité d'aujourd'hui ; il y a bien plus d'enseignantes dans les écoles que d'enseignants. Ainsi dans l'école où je suis directeur (car je ne suis pas qu'auteur), il y a 2 enseignants et 15 enseignantes... 2ème remarque : pourquoi est-ce des mamans qui attendent au portail ? Il n'y a jamais de papas ? Ma réponse fut la même, c'est surtout les mamans qui sont au portail. Mais aujourd'hui, si je visualise les sorties de mon école, je dois bien reconnaître que je vois presque autant de visages de papas, de tontons ou de grand-pères que de mamans, tatas ou grand-mères. D'où me vient donc cette impression que forcément la sortie de l'école correspond à l'heure des mamans ? De ma propre enfance, bien sûr. Je me rends ainsi compte que ma mère n'était jamais venue me chercher à l'école, parce qu'elle travaillait et que ses horaires ne le lui permettaient pas. Et je prends soudainement conscience que j'aurais adoré que ma mère vienne me chercher à l'école, ne serait-ce que de temps en temps... Ainsi, en dépit de la réalité d'aujourd'hui et de mon propre vécu d'enfant, le manque éprouvé et refoulé impose à mon écriture que l'heure de la sortie soit l'heure des mamans ! Qu'il est difficile parfois de débusquer l'intention derrière ses mots ! Ainsi ma participation à ce collectif m'a amené à cette introspection et j'en éprouve de la joie même si j'ai libéré des émotions plutôt douloureuses car j'ai l'impression que mon écriture a gagné en liberté. En effet, si la liberté c'est le choix, pour reprendre la formule de Sartre, l'écriture n'est jamais aussi libre que lorsqu'on sait pourquoi on choisit tel mot plutôt qu'un autre. Mais que cette liberté me paraît une montagne bien longue et bien rude à gravir. Willerval
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